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Quand l’excellence devient collective

Dans le monde du sport, tout comme dans celui de l’entreprise, la dynamique collective est primordiale dans la recherche de l’excellence. Les témoignages de Yann Fonteneau (ancien basketteur et entraîneur, conseiller technique à la Fédération Française de Basketball), Noé Pottier (double champion du monde de parachutisme), Manon Eluère (docteure en psychologie sportive) et Charles Kahudi (capitaine du LDLC ASVEL)  soulignent l'importance de la cohésion et de la coopération pour atteindre des objectifs ambitieux.

Le 13 nov. 2024 Illustration Quand l’excellence devient collective
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La quête de l'excellence : un projet collectif

 
Tout sportif de haut niveau est à la recherche de l’excellence, de la performance. Pour y parvenir, dans un sport comme le basket ou le football, "l’appartenance à l’équipe est primordiale", insiste Charles Kahudi. Pour lui, le travail en équipe commence par la construction de relations personnelles entre les joueurs, car la confiance se bâtit avant tout sur la connaissance mutuelle. "Chaque membre doit se sentir en sécurité pour pouvoir s’exprimer librement", explique-t-il. Au-delà de l’aspect sportif, il prône des moments de partage en dehors du terrain pour renforcer les liens et l’esprit d’équipe.
Autre point important : savoir mettre ses objectifs personnels au service du collectif"Si je suis un très bon joueur dans une équipe de bas de tableau qui perd énormément de matchs, ma valeur sera moins importante que celle d’un joueur aux statistiques moyennes dans une équipe de haut niveau qui gagne ses rencontres", rappelle-t-il.
 
Pour Yann Fonteneau, ancien basketteur et entraîneur,  cela passe aussi par le rôle du coach qui doit évoluer. Il ne doit plus chercher à imposer une domination, mais favoriser l’autonomie et la coopération au sein de son équipe. "La connaissance de soi est essentielle", souligne-t-il, en insistant sur l'importance d’un manager qui, avant de diriger son équipe, doit d’abord être une ressource pour ses collaborateurs. Cela inclut la gestion de ses propres failles et blessures, souvent issues de l’enfance, pour éviter de les transférer sur les autres.
Un des points cruciaux qu’il soulève est la nécessité de prendre soin de soi pour mieux prendre soin de l’équipe. En effet, dans le monde du sport professionnel, entre 47 et 50% des entraîneurs montrent des signes de burn-out. Pour éviter cela, Yann Fonteneau prône une approche plus humaine du management, qui prend en compte les individus comme des "personnes de contribution", plutôt que comme de simples "objets de production".
 

Le rôle clé du leader

 

Un bon leader, selon Charles Kahudi, doit être exemplaire. "Les gens suivent ce que tu fais, pas seulement ce que tu dis", explique-t-il. En tant que capitaine, il cherche à créer un environnement où chaque joueur se sent valorisé, même après une défaite. La communication et la capacité à déléguer sont des compétences clés dans ce processus de leadership.
 
Yann Fonteneau évoque la nécessité pour un leader de donner du sens à l’action de l’équipe, d’avoir une vision à long terme et de favoriser un environnement où la coopération peut émerger. C’est ce qu’il appelle un “cercle de sécurité”.
Noé Pottier souligne qu’il n’y a pas un leader unique dans son équipe de parachutisme. Au contraire, le leadership est flexible et s’adapte aux besoins de l’équipe, en fonction des compétences de chacun et des hauts et bas de la saison. Cela rejoint la vision de Manon Eluère, qui considère que le leadership est avant tout une question d’influence : "Un leader, c’est celui qui a une véritable influence sur le groupe, qu'il ait plus ou moins de ressources."
Pour Manon Eluère, le leadership est même la variable la plus importante de la dynamique de groupe. En effet, c’est un véritable levier d’action concret. Le leadership peut être de terrain (donner des consignes, aider au placement…) mais aussi émotionnel : ce sont des personnes qui ont une influence sur les besoins affectifs (détermination, résilience…), et ces personnes doivent être responsabilisées.
 

L’esprit de coopération

 
Le parachutisme, en particulier la discipline du free fly, offre une perspective unique sur la coopération en équipe. Noé Pottier, double champion du monde de saut en parachute, souligne que le free fly est un sport où la coordination est essentielle. "On vole à 250-300 km/h, et la performance repose sur une communication parfaite entre les coéquipiers.", explique-t-il. Une communication qui commence dès le début de saison, quand l'équipe réfléchit à la chorégraphie qu’ils vont exécuter en l’air. Chacun doit pouvoir donner ses idées librement, tout en réfléchissant au rôle des deux coéquipiers. L'esprit d’équipe dans ce sport extrême repose sur l'absence d'égo et la volonté de s’élever ensemble. "L'égo peut détruire une équipe, il n'a pas sa place", rappelle-t-il.
L’accent est mis sur l’entraide mutuelle et l’observation constante des autres. En free fly, chaque membre de l’équipe est responsable non seulement de sa propre performance, mais aussi de celle de ses partenaires. Cette approche est un modèle de coopération, où l'individu s’efface au profit du collectif.
 

La dynamique de groupe

 
Manon Eluère a développé une méthode permettant de suivre et d’analyser la cohésion d’une équipe tout au long de la saison. Selon elle, la cohésion et la coopération sont deux des variables clés de la dynamique de groupe. Mais pour qu'une équipe fonctionne, il est essentiel de comprendre ses besoins spécifiques"Il ne suffit pas de faire un team building karting si le problème est la communication", explique-t-elle.
Elle insiste sur l'importance de mesurer la dynamique de groupe à différents moments de la saison et d’ajuster les interventions en fonction des besoins spécifiques de l’équipe. Cela permet de maintenir une cohésion élevée tout au long de l’année, malgré les aléas comme les blessures ou les changements de joueurs.
 

La cohésion, un travail quotidien

 
Finalement, la cohésion et la coopération ne sont pas des concepts abstraits, mais des éléments concrets qui nécessitent un travail constant. Dans le sport, comme dans le management d’équipe en entreprise, il ne suffit pas de compter sur les compétences individuelles pour réussir. Il faut cultiver une dynamique de groupe où chaque membre est valorisé, écouté, et où les objectifs collectifs passent avant les ambitions personnelles. Les leaders doivent être des ressources et des modèles d'exemplarité, créant un environnement où la coopération devient naturelle et l’excellence collective possible.
La performance d'une équipe dépend avant tout de sa capacité à créer des liens forts, à échanger, à se remettre en question et à avancer ensemble. La cohésion, loin d’être un facteur secondaire, est l’essence même d’une performance durable.

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