L’intergénérationnel demande une plus grande adaptation des RH
En entreprise, l’allongement des carrières rime avec l’intergénérationnalité des équipes. La diversité des besoins se creuse et le risque de conflits s’accroît. Comment manager des équipes dans lesquelles des générations se mêlent ? Réponse avec Lydwine Motte, coach professionnelle et formatrice experte des relations humaines, et Jacques Seteau, formateur et conférencier depuis trente ans.
À quel âge sommes-nous senior ?
S’il n’existe pas de définition officielle du terme “senior”, le seuil d’âge semble différer d’une structure à l’autre. Pour l’Insee et le ministre du Travail, un salarié est senior à partir de 55 ans. Du côté des entreprises, une étude Ipsos a révélé que les candidats estiment être senior à 52,7 ans en moyenne, et à 49,6 ans selon les recruteurs. Finalement, c’est une question de perception…
L’intergénérationnel, est-ce un nouveau défi pour les RH ?
Lydwine Motte : Oui et non. C’est un sujet qui a toujours existé. Les RH, recruteurs et managers soignent déjà les relations intergénérationnelles et s’adaptent déjà à leurs équipes. À leurs différents profils, besoins, cultures, expériences, apprentissages... Mais aujourd’hui l’écart se creuse, et va demander une adaptation encore plus grande.
Quels sont les risques de cet écart générationnel ?
La cohabitation de plusieurs générations peut amener des conflits de perception. Elles rencontrent par exemple des divergences sur leur manière de travailler, leur maîtrise des outils, leur rapport au travail... Des a priori et jugements de l’autre peuvent apparaître, et faire naître un conflit de pouvoir (l’expérience vs. la nouveauté), de savoir (qui sait mieux que l’autre ?) ou de valeurs (différemment hiérarchisées).
Et au contraire, les avantages ?
Ce sont justement ces différences qui font toute la richesse et la force d’une équipe ! La notion de partage est alors primordiale. Les anciennes générations peuvent faire profiter aux plus jeunes de leur expérience et de leur savoir-faire. Et les nouvelles générations peuvent aider les seniors à s’adapter aux nouveaux outils et nouveaux contextes.
Comment favoriser leur entente ?
En trouvant le point de jonction où les différentes générations se rejoignent. Au sein d’une équipe, c’est la réalisation d’un objectif commun.
Et comment on y arrive ?
En communiquant de manière constructive pour co-construire ensemble et trouver le gagnant-gagnant : la performance collective ET l’épanouissement de chacun. Le but est d’apprendre quelque chose de l’autre et de s’en servir ensuite, concrètement. Et pour ça, l’équipe a besoin d’adaptation, de respect, d’équilibre et de confiance.
Quel est le rôle des RH dans tout ça ?
De soigner les relations au sein des équipes en démystifiant la notion de décalage générationnel et en ramenant le sujet à celui d’une cohésion d’équipe. C’est-à-dire en favorisant les échanges et la transmission de valeurs. Mais aussi en créant des moments de discussion et de partage - formels et informels - avec des outils spécifiques, des ateliers, des jeux interactifs qui favorisent la meilleure connaissance et acceptation de l’autre.
Le mot de la fin ?
Une équipe a toujours des besoins et comportements différents, que tout le monde ait le même âge ou qu’elle soit intergénérationnelle. Dépassons cette crainte d’un intergénérationnel conflictuel en remplaçant le sujet simplement autour d’une expression de besoins et de solutions respectueuses de tous.
La transmission du savoir pour contribuer à la performance de l’entreprise
Riches de leur expertise et de leur expérience, les seniors sont une véritable ressource pour l’entreprise. Pour Jacques Seteau, les RH doivent les accompagner à transmettre le flambeau.
Quel est l’enjeu des RH lors d’un remplacement de poste ?
Jacques Seteau : Leur principale problématique est de remplacer les talents qui partent en retraite par d’autres profils talentueux. Tout en maintenant le niveau d’expertise initial.
Comment peuvent-ils assurer cette transition ?
Par la transmission du savoir et des compétences. Les jeunes ont du savoir aussi, mais ne savent pas forcément comment l'appliquer à toutes les situations. Les seniors ont l’expérience et maîtrisent toutes les spécificités de leur métier. Ce sont les sages. En anticipant leur départ, les seniors peuvent rester en coaching avec les remplaçants pour assurer la reprise du poste et gagner du temps sur leur intégration et leur opérationnalité.