Managers, êtes-vous prêts pour l’après confinement ?
Peu importe sa durée, la fin du confinement va donner lieu à des changements de comportements et à des émotions exacerbées, y compris en entreprise. Comment les gérer ? Il est indispensable de se préparer, dès à présent.
Par Patrick Leconte, fondateur et président de TTI Success Insights France
Depuis deux semaines, toute la France vit confinée. Nous sommes en guerre, face à un ennemi invisible, qui peut être partout. Nous restons donc chez nous, limitons nos sorties et bannissons nos contacts extérieurs. Cette situation génère beaucoup d’anxiété. Le Président Emmanuel Macron appelle à un « retour à l’essentiel ». C’est ce que nous vivons, nous nous concentrons sur ce que nous avons de plus important. Heureusement, nous sommes capables d’adapter nos modes de vie et notre consommation, de rester chez nous. C’est dans nos gênes et notre histoire. Et c’est une force.
Mais que vivent les gens pendant ce confinement ? À quelle situation personnelle doivent-ils faire face ? Et dans quelles conditions ? La plupart jonglent entre enfants et télétravail, s’épuisant à la tâche. Certain(e)s sont contraint(e)s de cohabiter avec une personne violente ou alcoolique. D’autres sont totalement isolés, sans contact humain, dans des logements minuscules.
Le stress post-traumatique en entreprise
Une fois le confinement levé, toutes ces personnes retourneront travailler. L’urgence de la reprise économique les appellera, sans comprendre ce qu’elles viennent de vivre, dans l’intimité de leur logement. Espérer reprendre une vie « comme avant » est une illusion. Les femmes et les hommes seront durablement touchés par ce qu’ils ont vécu. Et certains l’exprimeront également en entreprise.
À quoi peut-on s’attendre ? À des comportements exacerbés, incompréhensibles. À des émotions décuplées, difficile à réguler. Des phénomènes de stress post-traumatique sont à prévoir. Et les managers seront en première ligne.
Préparons nos managers
Or, ils ne sont pas équipés. Ils ne savent pas accueillir ces émotions, réagir à ces comportements surprenants sans jugement. Déjà en temps normal, ils sont complètement dépourvus face à cet exercice. Je me souviens de l’émission le Téléphone sonne, le 1er mai 2019, qui était consacrée au travail. Le titre : Travailler c’est trop dur ? Les chiffres de souffrance au travail étaient déjà hauts. 52% des salariés se disaient anxieux au travail. Et les managers ne pouvaient pas intégrer ces difficultés.
Ces statistiques devraient considérablement augmenter dans les prochains mois. Aujourd’hui, il faut donc les accompagner, afin qu’ils endossent la bonne posture. Les services ressources humaines doivent d’ores et déjà penser à l’après et former les managers pour qu’ils soient capables de gérer ces écarts de comportements.
Alors préparons-nous, investissons et déployons des outils concrets pour ne pas laisser nos managers isolés. Leur rôle et leur capacité à suivre leurs collaborateurs dans les situations les plus complexes seront déterminants dans la reprise économique.