Christine Vaufrey, spécialiste des cours en ligne : « Il ne faut pas céder à la facilité de dire que tout est désormais digital »
Pas une semaine ne passe sans qu’un Webinaire fasse parler de lui, qu’un MOOC soit mis en avant sur les réseaux sociaux ou qu’un e-learning soit organisé. De plus en plus prisés en entreprise, ces outils digitaux, dont on ignorait l’existence il y a quelques années, sont désormais légion. RH, management, performance commerciale, nombreux sont les domaines concernés utilisant ces ressources nouvelles. Avec des technologies en constante évolution, c’est la notion même de transmission du savoir qui est en train d’être redéfinie. Experte du sujet, Christine Vaufrey, spécialiste en conception et animation de cours en ligne, nous expose son point de vue. Rencontre avec une passionnante passionnée.
Aujourd’hui avec l’essor du digital, des outils numériques et autres nouveautés apportés par les NTIC, le monde de la formation est en pleine remise en question. Est-on en train d’assister à un renouvellement total de la transmission du savoir ? Il est vrai que nous avons une certaine fascination pour les nouveaux outils, avec des réflexions comme « si j’ajoute de la vidéo ma formation sera mieux ». En quoi est-ce le cas ? Elle sera plus attrayante certes, mais est-ce que l’on va apprendre davantage avec une vidéo qu’avec du texte ? Pas sûr. Et c’est exactement là qu’il faut commencer à réfléchir. Si on se cantonne au texte les gens ne vont pas forcément avoir envie de la parcourir même s’il est pertinent. Si l’on utilise la vidéo, cela va attirer les gens mais le contenu ne sera pas forcément aussi complet qu’un texte. Et si on utilisait tout simplement les deux ? Voilà le type de réflexion qu’il faut avoir : un outil ne remplace pas un autre, mais va se combiner avec d’autres. Y compris avec des outils plus « anciens » comme un bon vieux polycopié. Employé correctement, tous les outils gardent leur intérêt. Aujourd’hui, les outils évoluent certes, mais le présentiel reste apprécié par certains... Il ne faut pas s’arcbouter sur ses anciennes méthodes et les anciens outils en se disant « ça a fonctionné jusqu’à maintenant pourquoi j’arrêterai ? ». On verrait les gens s’ennuyer et les salles se vider. A contrario, il ne faut pas céder à la facilité de dire « tout est désormais digital, je jette tout au profit de la technologie ». Ce n’est pas mieux, il faut combiner les deux et surtout respecter les personnes que l’on a en face de soi. Il faut donc mettre en place des activités pédagogiques, travailler la mémorisation, l’évaluation bref l’intégralité des mécanismes d’apprentissage. Certains sont demandeurs de technologies comme d’autres tiennent au crayon et au papier, il faut donc travailler afin de trouver le juste milieu.
Même avec une transmission du savoir qui passe, en partie, par les outils numériques jugés comme « déshumanisés » par certains, les émotions gardent, selon vous, une grande importance. Les émotions sont fondamentales dans les mécanismes d’apprentissage, aussi bien dans une formation en ligne qu’en présentiel. Quand on apprend, les émotions jouent un grand rôle. La fierté, l’estime de soi, le fait de donner du sens aux choses, toutes ces dimensions sont essentielles pour apprendre. C’est un élément à ne jamais oublier. Un conseil pour ceux qui aimeraient se lancer dans l’apprentissage via le digital, formateur comme apprenant ? Essayez ! Faites quelques chose, même petit. On commence par l’action.