Christophe Haag : « Il faut ressentir une émotion pour pouvoir décider »
Professeur à emlyon business school en comportement organisationnel, Christophe Haag prône un management centré sur les émotions. Comprendre les émotions pour s’adapter aux transformations organisationnelles. Et donner une plus grande importance à l’intelligence émotionnelle. Rencontre.
Quelle est l’importance des émotions dans les transformations des organisations ?
L’émotion est une information qui vous permet de mieux vous adapter. Que ce soit dans des problématiques de transformation ou de changements. L’émotion est là pour avertir qu’il se passe quelque chose qui peut avoir un impact sur votre niveau de bien-être, sur le niveau de performance. Les personnes qui tiennent plus compte des émotions ont plus d’informations, et si en plus elles savent bien les gérer, elles se mettent moins en danger et performent mieux que la moyenne. Elles sont plus adaptables que les autres.
On parle d’ailleurs d’intelligence émotionnelle.
C’est ça. C’est l’ensemble des capacités qui permettent de traiter toutes les informations émotionnelles très rapidement. Les personnes en capacité de le faire peuvent mieux gérer la complexité que la moyenne. Quand on parle de changement, on parle de zone d’incertitudes de plus en plus larges, de timing de plus en plus serré, les gens doués de cette forme d’intelligence-là seront plus agiles dans des contextes de transformations.
« Toutes les émotions sont utiles »
Est-indispensable pour les managers ?
Il faut ressentir une émotion pour pouvoir décider. Si vous n’en avez pas, comment faire des choix ? Le job des managers est justement de décider, donc mieux vaut être au contact de ses émotions pour le faire. Les manageurs émotionnellement intelligents sont capables de prendre des risques modérés pour prendre des décisions. Toutes les émotions sont utiles. La peur peut vous sauver d’un danger, la colère peut vous permettre de vous battre un peu plus contre une injustice, la tristesse peut vous aider à mieux analyser ce qui n'a pas marché…
Quels sont les enjeux ?
Il y a un enjeu en termes de développement personnel, mais aussi de santé publique, de performances. C’est une démarche assez forte. Des études montrent que ces formations liées à ce sujet peuvent augmenter le niveau d’intelligence émotionnelle des gens qui les suivent et cela peut, à long terme, réduire les coûts de santé qui peuvent être associés (moins de troubles anxieux etc...).
Comment sera le manager du futur ?
Un manager tout terrain pourvoyeur d’une écologie humaniste. Il doit décider et avoir comme préoccupation principale la préservation de ces équipes. Les burnout, les troubles dépressifs, le mal être au travail sont sur des courbes ascendantes. Il y a des coûts économiques et psychologiques d’où l’importance d’une écologie humaniste. Cela passe par un épanouissement personnel du manager pour un épanouissement collectif. Et retrouver le courage managérial qui permet de faire des choix et de prendre des décisions.