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Intelligence émotionnelle : « La gestion des émotions ne s'apprend pas dans les livres »

Aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle ne cesse de faire parler d’elle. Plus qu’un effet de mode, il s’agit d’un sujet qui nous concerne tous. Pour approfondir ce passionnant concept, Hélène Monier, enseignante à l’Institut d’Administration des Entreprises de Lyon et chercheur associé à l’École Nationale Supérieure de la Police, a accepté de répondre à nos questions.

Le 20 oct. 2017 Illustration Intelligence émotionnelle : « La gestion des émotions ne s'apprend pas dans les livres »
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L'oeil de l'experte

« Il faut vivre le quotient émotionnel »

" Il faut le vivre tout simplement, et opérer une réflexivité. C’est un sujet plus qualitatif que quantitatif, la gestion des émotions ne s’apprend pas dans les livres. Il faut la vivre, que ce soit au niveau de la parole, des échanges et des mises en situation. Cela reste la meilleure façon pour monter en compétences sur ce sujet."

Aujourd’hui, on peut lire tout et n’importe quoi sur l’intelligence émotionnelle. Vous, en tant qu’experte qui travaille sur le sujet depuis de nombreuses années, quelle serait votre définition ?

Hélène Monier : L’émotion, on ne peut pas la simplifier et ne la mettre que dans une seule « case ». On ressent rarement qu’une seule émotion à la fois, mais plusieurs en même temps et à des degrés divers.  L’émotion est une réaction, un processus rapide focalisé sur un objet ou un événement. Avec plusieurs composantes : la cognition, la physiologie, l'expression motrice et les tendances à l'action, composantes comportementales, personnelles et sociales, et le sentiment subjectif. Le quotient émotionnel représente un, ou plusieurs outils, qui a pour objectif de mesurer des habiletés mentales, observables et contextuelles, des compétences émotionnelles. De nos jours, les professionnels sont amenés à réfléchir à ces questions liées à leurs émotions. Il se passe des choses en nous autant au niveau affectif, personnel que professionnel.

Comment traitez-vous ces sujets en formation ?

Je travaille surtout avec des milieux « extrêmes » au niveau des risques. Et là, la thématique de l’émotion, on ne la vulgarise pas du tout. On parle de facteurs, en premier lieu, physiologiques. Quel est l’effet sur le corps ? Quelle est la différence entre le stress et les émotions ? Comment repère-t-on les signaux ? Comment identifier un potentiel passage à l’acte agressif ? On est face à un public qui peut être souffrant, violent, agressif, en difficulté, donc les professionnels sont parfois confrontés à des situations complexes en termes d'émotions.

Justement, sur quoi portent vos travaux au sein de l’École Nationale Supérieure de la Police ?

Mes travaux de recherche portent sur les régulations émotionnelles, individuelles et collectives. Dans des métiers à risques et des métiers à incidents, ils s'inscrivent en sciences de gestion, au niveau des pratiques de management et des pratiques de Gestion des Ressources Humaines, dans une démarche de santé-sécurité au travail. Il y a tout un axe de travail concernant les émotions et les affects, pour des questions d’effectivité et de qualité de service sur le terrain, mais aussi pour la santé au travail. Cela renvoie aux questions de malaise et de souffrance dans le secteur policier, dont on parle énormément. La fatigue et l’usure mentale sont aussi en lien avec les conditions de travail et les pratiques organisationnelles de ce milieu.

Quels sont les sujets explorés ?

On aborde trois grands domaines : efficacité, santé et sécurité. Ces concepts doivent être nécessairement rendus opérationnels via des mises en situation et simulations, des jeux de rôles, donnant lieu à des debriefings.  Mais aussi par le biais de binômes où on illustre ces concepts avec des exemples réels de situations de travail.

Quand on parle d’émotions, quelles sont les réactions obtenues dans ce type de milieu à hauts risques ? 

On est complètement intégré à une démarche de santé et sécurité au travail. Il y a une grande ouverture d’esprit, la parole n’est pas fermée, il y a une certaine forme de maturité. D’autant plus avec les événements de ces dernières années, qui ont conforté une véritable prise de conscience sur les sujets des émotions et de la santé du policier.

 

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