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L’intelligence artificielle va bouger les métiers, mais pas les remplacer

Les chatbots marquent un tournant pour le monde du travail. Capables de rédiger du contenu, d’écrire du code, de résoudre des problèmes, certains parlent d’un véritable substitut aux métiers informatiques, rédactionnels et même RH ! Mais la réalité en est tout autre.

Le 07 mar. 2023 Illustration L’intelligence artificielle va bouger les métiers, mais pas les remplacer
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Par Wilfried Tacquard, directeur général de TTI Success Insights France

Ces dernières semaines, ChatGPT semble avoir dominé l'actualité. Il faut dire que ce chatbot a des capacités impressionnantes. Il est par exemple capable de créer un site web complet avec un contenu unique et de corriger les éventuels bugs. Une innovation qui peut être un frein à l’apprentissage et à la réflexion, à tel point que Sciences Po a ajouté à son règlement intérieur l’interdiction d’utiliser ChatGPT pour la production de travaux. Face à cela, une question se pose : est-ce une menace pour l’Homme ? 

En réalité, l’intelligence artificielle ne peut pas remplacer l’Homme car elle reproduit des expériences passées. Elle n’est donc pas inventive mais reproductive. Elle donne l’impression d’être innovante mais reste en réalité dans le cadre déterminé par son créateur. Sa valeur ajoutée est sa puissance de calcul et sa capacité à se nourrir d’une énorme quantité d’informations en un temps record (plus rapidement que l’Homme).

Les exemples le montrent. Google a récemment présenté son chatbot Bard pour tenter de concurrencer ChatGPT. Mais pendant sa démonstration au grand public, l’IA a commis une erreur factuelle qui n’aurait pas pu échapper à l’Homme.

 

Vers la fin de certaines branches de métier ?

Comme à chaque innovation, la crainte n°1 concerne l'emploi. Cette IA peut-elle remplacer les collaborateurs ? Certains métiers sont directement concernés.

À commencer par les développeurs web. Certains pourraient disparaître, c’est vrai, mais seulement les plus mauvais d’entre eux qui - comme les IA - copient collent du code trouvé sur internet. C’est le cas pour les développeurs formés en 6 mois dans certaines écoles. Et leur manque de maîtrise crée des failles et des dysfonctionnements. Les IA ont au moins l’avantage d’être plus rapides qu’eux. Les bons développeurs, eux, sont irremplaçables. Ça reste un métier de réflexion intellectuelle qui demande du temps, de l’anticipation et des tests d’intégration dans un système. Là où l’IA est limitée.

L’exemple est valable aussi avec les métiers d’écriture. L’IA est certes capable de générer des textes, mais elle n’égale pas ceux de l’Homme. On les identifie facilement car ils manquent de qualité et de sens. L’IA peut proposer un premier jet mais un rédacteur doit ensuite retravailler le contenu pour l’humaniser, vérifier les informations et corriger les traductions.

Du côté des RH, la question se pose également. L’IA peut rédiger des offres d’emploi, répondre aux candidatures et même présélectionner les candidats. Mais son manque d’humanité ne permet pas de substituer la fonction. La dimension humaine du métier est essentielle pour garantir son efficacité. Et seule l’intervention humaine permet de personnaliser et de mettre en œuvre de manière concrète les pratiques RH.

 

L’IA renforce l’expertise humaine

L’IA ne détruit donc pas les emplois, mais peut les faire bouger. Elle est un support, un complément comme le numérique l’a été. Elle constitue un levier d’apprentissage et d’amélioration pour les équipes : travailler plus vite, enrichir ses connaissances, orienter les décisions et même automatiser certaines tâches mécaniques et répétitives.

L’IA implique de vouloir et d’être capable de changer sa manière de travailler. De faire preuve d’ouverture d’esprit pour désiloter les entreprises. Comprendre le fonctionnement des IA deviendra bientôt une compétence clé. Il faudra apprendre à déléguer les bonnes tâches à l’IA pour s’occuper du reste mais aussi à contrôler ce qu’elle fait car nous ne sommes pas sûrs de son bon fonctionnement. Des nouveaux métiers de contrôle d’IA pourraient apparaître. Et face à ces transformations, l’accompagnement au changement et la mise en place de formations seront essentiels.

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