Intéressons nous enfin aux formateurs !
Depuis le 1er janvier 2022, la certification Qualiopi, qui vise à attester de la qualité des formations, est obligatoire pour accéder à des fonds publics ou mutualisés. Mais quant est-il du rôle et de l’impact du formateur sur les apprenants ? L’enjeu du développement des compétences est de taille et la posture du formateur doit évoluer. TTI Success Insights décrypte le sujet aux côtés d’Anne Farrugia et de Benoît Eche, spécialistes de la formation professionnelle.
Le métier de formateur évolue
Fini les formations descendantes de la vieille école. Les apprenants dits passifs, assis pendant plusieurs heures à écouter le monologue du formateur, voient leur concentration limitée. Les formations nécessitent d’être horizontalisées et de responsabiliser les apprenants pour qu’ils en deviennent eux aussi acteurs. Cela passe par des formations plus courtes, plus impactantes, plus concrètes et surtout plus interactives.
“Le formateur est un accompagnant. Il doit créer des formations dynamiques et entraînantes plutôt qu’essentiellement théoriques. Et ce, en valorisant les échanges et les situations de mise en pratique. Car ce sont les interactions qui favorisent la compréhension et la mémorisation”, explique Benoît Eche, consultant formateur et associé chez Marcopolo Performance.
Au-delà de la formation, un changement de posture est aussi attendu chez le formateur. Elle a un vrai impact sur les apprenants, leur motivation et leur capacité à apprendre. Mais former n’est pas seulement un exercice de présentation. Le formateur est expert de son sujet, il apporte sa légitimité pour dispenser un contenu de qualité. Et cela passe par la maîtrise des enjeux pédagogiques et des méthodes de transmission du savoir.
Pour Benoît Eche, “Un bon formateur est capable d’endosser le rôle de trois métiers : celui du formateur (transmettre un savoir-faire), du coach (aider l’apprenant à lever ses freins et à exploiter ses ressources) et du conseil (parler la langue de l’apprenant et l’aider sur les sujets opérationnels de son quotidien)”.
En faisant preuve d'agilité, le formateur est en mesure d’adapter son discours aux apprenants selon leur niveau de qualification, leur personnalité et leur âge : “Un formateur est souple et agile pour s’adapter à son auditoire. Mais aussi pour être capable de s’éloigner de son sujet quand c’est nécessaire, puis d’y revenir”, précise Anne Farrugia, consultante au sein du cabinet Optim Ressources.
Le formateur peut mobiliser plusieurs outils
Susciter des émotions chez les apprenants est également un levier d’apprentissage. On apprend quand on ressent une émotion : plaisir, curiosité, découragement, fierté de réussir… Et c’est justement sur ce volet que le formateur capitalise pour être plus performant et impactant. C’est d’ailleurs ce que permet l’approche par le jeu, appelée également gamification. Cette façon ludique de présenter des apprentissages favorise l’implication et rend in fine les apprenants plus productifs et plus motivés.
“Former c’est faire preuve de pédagogie et d’animation. Le formateur détient le savoir, le savoir transmettre et l’envie de transmettre. Il doit donner du sens et adapter son langage aux apprenants, notamment par des mises en situation tels que des jeux de rôle. Mais aussi en partageant des exemples, en racontant des histoires : c’est ce que retiennent le plus les apprenants”, développe Anne Farrugia.
En outre, former les apprenants en interne sur leurs propres cas d’entreprise leur permet d’être au plus près des réalités et des problématiques de l’entreprise. Et c’est justement la promesse de l’AFEST. Cette action de formation consiste à utiliser les situations de travail comme terrain d’apprentissage. Elle vise à développer les compétences des salariés avec un parcours sur-mesure propre à leur métier et en lien avec les enjeux de l’entreprise. Très professionnalisant, ce type de formation les rend plus rapidement opérationnels dans leurs tâches et permet à l’entreprise de conserver ses collaborateurs en interne sans avoir à les remplacer. En clair, une méthode pédagogique gagnante-gagnante pour l’apprenant et pour l’entreprise.
“L’idéal pour les apprenants est de mettre en œuvre dans la formation des sujets d’application de leur travail. Ça leur permet ensuite d’atteindre des résultats tangibles et réellement efficaces dans leur quotidien”, partage Anne Farrugia.
Comment aider le formateur dans sa transformation ?
Pour accompagner et transmettre au mieux son savoir aux apprenants, le formateur doit, lui aussi, être formé. L'idée est de le faire sortir de sa posture de sachant au profit de celle du coach, du facilitateur. Et c’est justement l’objectif d’Optim Ressources :
“Nous formons nos formateurs sur l’ingénierie de formation (c’est-à-dire les objectifs, le contenu, les méthodes pédagogiques…) et sur son animation (la posture, les modalités d'animation : mises en situation, debriefings…). L’objectif est de les accompagner à être toujours aussi efficaces en tant que formateurs au service du développement des compétences des apprenants et de la satisfaction des clients”, explique Anne Farrugia.
Mais pour exceller dans sa fonction, le formateur doit avant tout se connaître. Et cela passe par sa capacité à identifier et à renforcer ses propres compétences. C’est pourquoi TTI Success Insights, distributeur d’outils d’évaluation RH, a élaboré un évaluateur de soft skills (le PTSI), de comportement (le DISC) et de motivations (le WPMOT). En explorant ses propres motivations, le formateur sera plus à même de tirer profit de ses forces pour impulser la bonne dynamique aux apprenants.
Benoît Eche, certifié aux outils DISC et WPMOT, le confirme : “Le formateur doit travailler sur ses soft skills pour être plus impactant et mieux communiquer avec ses apprenants. Et pour ça, le DISC de TTI Success Insights y répond parfaitement. Il permet de travailler sa posture, sa communication, son attitude et son leadership”.
Mais l’utilisation de ces outils ne se limite pas au formateur et peut s’étendre aux apprenants. Cela permet au formateur de mieux comprendre son auditoire, son fonctionnement, ses besoins et ses émotions, et ainsi dispenser une formation hautement personnalisée. La formation devient alors plus efficace, plus engageante et offre un impact réel et tangible sur les apprenants.
"Nous faisons passer les questionnaires TTI dans la plupart de nos formations, notamment managériales mais aussi d’accompagnement d’équipe. C’est un support puissant qui nous permet de comprendre plus rapidement le fonctionnement et les besoins des apprenants, et que ces derniers comprennent aussi leur propre fonctionnement et celui des autres”, précise Anne Farrugia, certifiée DISC et WPMOT.
À quand l’évaluation du formateur ?
Alors que les formations se multiplient en entreprise, leur qualité est désormais contrôlée avec la certification Qualiopi, mais celle du formateur n’est pas toujours assurée. La mise en place d’un référentiel national unique permettrait d’attester de son expertise et de mesurer son efficacité et son impact sur les apprenants. Il aiguillerait en outre les entreprises et les usagers dans leur sélection. En attendant, les acteurs de la formation peuvent de leur propre initiative procéder à cette évaluation. C’est le cas des cabinets Optim Ressources et Marcopolo :
“Nos formateurs sont évalués à chaud en fin de formation à partir de la satisfaction des apprenants. Nous regardons, entre autres, s’ils ont fait preuve d’écoute et des objectifs de la formation. Mais aussi leur capacité à tenir compte des feedbacks des apprenants. L’évaluation des formateurs est aussi intégrée aux entretiens annuels de progrès", commente Anne Farrugia.
“On évalue nos formateurs sur leur capacité à animer une formation, à créer une dynamique, à répondre aux questions des apprenants et à sortir parfois du cadre quand le contexte le demande. La fidélité de nos clients à un de nos formateurs est également un indicateur de qualité”, déclare Benoît Eche.