Développer les soft skills pour faire face aux transitions professionnelles
85% des métiers de demain n’existent pas encore. Cette annonce devient même une rengaine. Et la capacité d’apprendre à apprendre est plus que jamais indispensable. Mais cette dernière n’est pas innée et doit être accompagnée. Comment soutenir l’arrivée de ces nouveaux métiers ? Réponses avec Anne Farrugia, Benoît Eche et Isabelle Carbon.
La mutation des emplois s’accélère
“2023 : réussir ensemble les transitions !”. Le thème de la dernière Université d’hiver de la formation professionnelle ne laisse pas de place aux doutes : la transition des métiers est à l’œuvre. Les technologies évoluent très vite (avec l’essor par exemple de l’intelligence artificielle, de la robotique ou encore de la réalité virtuelle) et l’obsolescence des logiciels s’accélère. En entreprise, les métiers existants se transforment, et d’autres apparaissent. Il est nécessaire d’acquérir de nouvelles compétences plus techniques et plus vite.
“Il est clair que la digitalisation, accélérée avec les confinements, a fait et fait encore évoluer les métiers. Que ce soit dans leur contenu ou dans leur forme avec l’essor du distanciel notamment. Il a donc fallu se réinventer et se réinterroger sur les nouvelles formes de travail pour nous et pour les entreprises que nous accompagnons” explique Anne Farrugia, consultante au sein du cabinet Optim Ressources.
Fini les carrières toutes tracées, les jeunes travailleurs d’aujourd’hui vont passer leur carrière à changer d’emploi et à les voir évoluer. D’après une étude publiée par Dell et l’Institut pour le Futur, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore. Mais on sait que la majorité d’entre eux concerneront le digital et seront alimentés par les technologies émergentes. L’apparition de nouveaux métiers a déjà débuté et ces profils se font rares et précieux pour les entreprises. C’est le cas des data scientist, des roboticiens ou encore des BIM managers. Pour former les collaborateurs en reconversion professionnelle et les demandeurs d’emploi aux métiers de demain, le Plan d’investissement dans les compétences a mis en place plus de 10 000 formations aux métiers du numérique. Une démarche gagnante-gagnante pour les travailleurs et les entreprises qui peuvent recruter à l’issue des formations.
Les soft skills devancent les hards skills
Comment réussir ces mutations rapides de la société ? En s’appuyant sur les soft skills. En effet, face à la transformation et à la disparition des métiers, les hard skills peuvent devenir obsolètes. On assiste alors à un changement de paradigme. Avant, les hard skills primaient et se complétaient de compétences transversales. Aujourd’hui, les soft skills deviennent le socle de compétences d’un individu auxquelles viennent s’ajouter des hard skills ponctuelles et évolutives. La capacité à acquérir de nouvelles connaissances vaudra donc plus que celles déjà apprises. Et plutôt que se perfectionner dans un métier précis, l’enjeu sera la capacité à s’adapter à des nouveaux.
“La priorité est de travailler sur les soft skills d’un collaborateur, notamment pour l’aider à mieux communiquer et à adopter la bonne attitude face à toutes les situations. Et vient ensuite le développement des hard skills” déclare Benoît Eche, consultant associé chez Marcopolo Performance.
Pour Anne Farrugia, “les soft skills sont au service de la mise en œuvre des hard skills. Elles sont intimement liées”.
L’agilité fait partie des principales soft skills à mobiliser. Mais ce n’est pas la seule. Le travail d’équipe, la résilience, la créativité, la capacité à apprendre ou encore la réflexion prospective sont indispensables. Mais pour Anne Farrugia, il peut être difficile de concilier toutes ces soft skills. Elle s’explique : “On demande aux collaborateurs d’être rigoureux dans leur travail, mais en même temps de faire preuve d’agilité. Ou encore d’être innovant tout en respectant le cadre imposé par leur métier. Ces paradoxes peuvent être difficiles à gérer si ces soft skills ne sont pas contextualisées et si les attendus ne sont pas clairement explicités”.
Et encore faut-il savoir de quoi on parle. La notion de soft skills est floue et peine à être définie. Elle est parfois confondue avec les traits de personnalité. Les acteurs de la formation ont besoin de poser un langage commun sur les soft skills avant de pouvoir dire comment les évaluer et les développer. Bonne nouvelle, un groupe de travail est actuellement mené par l’AFNOR Normalisation pour définir et publier un référentiel des compétences d’ici fin 2023 !
Développer les compétences par la formation
Ce changement profond place les formations au cœur des enjeux. Elles interviennent tout au long du parcours professionnel et permettent d’anticiper les risques d’obsolescence avec un objectif d’upskilling, et/ou d’accompagner le passage d’un métier à un autre.
“Les formations aident à acquérir notamment des hard skills et des connaissances. Puis c’est la mise en oeuvre des acquis de ces formations qui permet de travailler concrètement sur ses soft skills. Les entreprises doivent donc donner aux salariés des occasions pour les mettre en pratique”, précise Anne Farrugia.
Isabelle Carbon, fondatrice et DRH de G3 Concepts, complète : “La formation et le coaching permettent de rester employables et de retrouver du sens à la valeur travail qui a tendance à se perdre”.
Au-delà de la quantité, c’est davantage la qualité qui est recherchée. C’est tout l’objectif de la certification Qualiopi mise en place en janvier 2022. Se pose aussi la question du rôle du formateur, qui, grâce à sa posture de facilitateur, rend les bouleversements en cours plus facilement acceptables.
TTI Success Insights développe un évaluateur de soft skills
L’outil PTSI met en lumière les capacités potentielles, innées et acquises d’un individu. Il permet d’identifier ce qu’un collaborateur est capable de faire dans un objectif de développement personnel, d’efficacité professionnelle ou encore de prise de poste.