Rebond & résilience : faire d'un échec un apprentissage !
Dans un monde où l’hyperconnexion est devenue la norme, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 3,2 millions de salariés en France sont en risque d’épuisement professionnel. Ce constat alarmant soulève la nécessité d’évoluer dans notre compréhension du psyché humain, tout en réfléchissant à l’impact de notre quotidien sur notre santé mentale. La digitose, cet état d'hyperconnexion entre conscient et subconscient, nous pousse à repenser notre rapport au travail et à l'échec.
L’échec comme apprentissage
Samira Himeur, directrice générale de l’association 60 000 rebonds, met en lumière une réalité préoccupante : alors qu’entreprendre est souvent perçu comme un levier de santé mentale, 3 entrepreneurs sur 10 sont en burn-out.
L’échec, souvent stigmatisé, doit être reconsidéré. Elle plaide pour un changement de regard sur l’échec, le présentant comme une opportunité d’apprentissage. « Un enfant qui apprend à marcher tombe et se relève fréquemment. On lui dit c’est bien, continue. Par contre, quand c’est un échec entrepreneurial, on n’a plus le même discours. On parle de looser. C’est cette mentalité qu’il faut changer. »
Cyril Blanchard, spécialisé dans la reconversion des sportifs, déteste l’échec. Pour autant, cela fait partie de la vie des sportifs comme des entrepreneurs. Mais la notion d’échec est relative. Un gymnaste échouera des milliers de fois à chaque agrès avant de réussir. Un autre sportif réussira toutes ses courses avant d’être en échec sur une. Dans les deux cas, l’échec fait partie de l’apprentissage.
La différence entre rebond et résilience ?
Samira Himeur explique donc que le rebond est présent à toutes les étapes de la vie. Dans la résilience, cependant, il y a une idée de traumatisme. Le philosophe Pascal Chabot par alors d’un avant-après, d’une brisure, comme le chêne, robuste, qui rompt.
Dans le rebond, au contraire, il voit une énergie précieuse, une souplesse qui permet de relativiser les épreuves.
Dans son parcours, Cyril Blanchard parle plus de résilience que de rebond. Avant de devenir un sportif de haut niveau, il a été patron. Il y mettait toute son énergie. Jusqu’à ce qu’il voit son père tomber malade après avoir été licencié du Crédit Lyonnais et qu’un entrepreneur à qui il avait racheté le magasin lui dise : « maintenant je ne suis plus rien ». Cyril a préféré anticiper, se disant que ça pouvait lui arriver. Il a donc décidé de gérer son départ, avec sa femme.
Alors comment rebondir après un échec ?
Pour Cyril Blanchard, il faut aller dans le subtil, dans les émotions, les relations à l’autre, pour se dépasser. Il faut faire de ses émotions une force. Par exemple, quand il a été alité pendant plusieurs mois après un accident de la route, devant tout réapprendre comme un enfant d’un an, il a puisé sa force et sa détermination dans son amour pour sa femme.
Pour Samira Himeur, il faut d’abord reconnaître notre part de responsabilité dans l’échec. Et c’est souvent un manque d’anticipation. Si l’entreprise n’a pas la trésorerie suffisante pour faire face à une crise (covid, énergétique gilets jaunes…), c’est de notre faute, pas de la faute de la crise. Reconnaître ses erreurs permet d’apprendre. Mais il ne faut pas rester seul, il faut se faire accompagner.
Pour Laurence Glorieux, tailleur couturière, pour rebondir, il ne faut pas que le scénario se répète. « Le pire serait de ne rien faire ». Découvrez son témoignage ici