La franchise en management : entre courage, loyauté et bienveillance
Chez Ninkasi, brasserie emblématique née à Lyon, la culture d’entreprise ne se limite pas à la bière et à la musique : elle s’incarne aussi dans sa vision du management. Benjamin Saulnier y travaille depuis 20 ans. Aujourd’hui responsable Qualité, Sécurité et Environnement (QSE) et animateur réseau, il accompagne à la fois les sites en propre et les franchisés. Un rôle à la croisée de la performance, de la relation et du sens collectif.
Avec lui, nous avons échangé sur une valeur qu’il considère comme centrale : la franchise. Mais pour Benjamin Saulnier, être franc ne signifie pas “tout dire sans filtre”. C’est un art de la justesse, du courage et du respect.
Dire les choses, mais au bon moment
Pour Benjamin Saulnier, la franchise n’est pas qu’une question de transparence : c’est une affaire de courage et de discernement.
“Être franc, c’est savoir dire les choses, même quand elles sont désagréables, mais en tenant compte du moment, de la personne et de l’impact que nos mots vont avoir.”
Dans son rôle d’animateur réseau, il accompagne à la fois des directeurs de succursales et des franchisés. Deux contextes très différents, qui exigent des postures de communication distinctes :
“On ne parle pas de la même façon à un directeur de succursale et à un franchisé. Le lien n’est pas le même. La franchise, c’est aussi une question de positionnement et de respect de la relation.”
La franchise, dans sa vision, se situe donc à l’intersection du courage de dire et de la façon de le dire. C’est cette nuance qui en fait, selon lui, un levier de confiance durable.
Adapter sa franchise à la personne : une clé de communication efficace
Benjamin insiste : être franc ne veut pas dire être brutal. C’est au contraire une démarche d’écoute et d’adaptation.
“On a tous des moyens de communication différents. On ne s’exprime pas tous de la même façon, et on ne reçoit pas les messages de la même manière.”
Un constat mis en lumière notamment lors d’un atelier entre les équipes d’animation réseau de Ninkasi. Avec les directeurs de succursale, ils ont choisi d’expérimenter le DISC, un modèle qui aide à identifier les styles de communication et les comportements dominants. Il utilise aussi les outils et le management Socio-économique de l’ISEOR.
“On a fait le DISC en équipe, on connaît nos couleurs, et on les a même affichées dans nos bureaux. “
Benjamin en parle sans jargon : pour lui, l’outil n’est pas une fin en soi, mais un support de prise de conscience collective.
“Il faut comprendre que certaines personnes sont plus réservées, d’autres plus directes. On ne parle pas de la même façon à tout le monde. Et il faut aussi que chacun accepte la personnalité de l’autre.”
Cette capacité à adapter sa franchise à chaque interlocuteur, tout en restant authentique, rejoint une conviction forte : la communication managériale n’est pas uniforme, elle est humaine.
Lire aussi : DISC et management : optimisez votre style managérial | Blog TTISIF
La franchise au service de la bienveillance et de la performance
Chez Ninkasi, la performance ne se mesure pas uniquement en indicateurs économiques : elle repose aussi sur la qualité de la relation et la confiance mutuelle.
“La performance économique est liée à la performance sociale. S’il n’y a pas de performance sociale, il n’y a pas de performance économique.”
Dans ses interventions, Benjamin valorise une approche pragmatique et bienveillante du management. Il ne nie pas les tensions ou les désaccords. Au contraire, il les considère comme des signes de vitalité :
“On préfère quelqu’un qui exprime son désaccord, même de manière un peu vive, plutôt qu’un silence frustré. L’essentiel, c’est de pouvoir se parler franchement, dans le respect.”
La franchise devient alors un outil de régulation, un moyen de maintenir un climat sain, où les collaborateurs osent s’exprimer et où les managers assument leurs responsabilités.
Donner sa chance, tenir ses engagements
La loyauté et la parole donnée font partie intégrante de sa conception du management. Benjamin partage l’histoire d’un jeune embauché venu chercher un poste en informatique, qui a commencé en cuisine avant de rejoindre le service IT du groupe :
“Je lui ai dit : montre-moi ce que tu sais faire, et dès qu’un poste s’ouvre, on en reparle. Il a joué le jeu, moi aussi. Aujourd’hui, il est responsable en informatique dans une grande école d’ingénieur. La confiance, c’est ça : tenir ses engagements, dans les deux sens.”
Pour lui, la franchise, c’est la loyauté : celle qui se construit dans le temps, à travers les actes, plus que les mots.
Un engagement humain et social fort
L’humain est au cœur de la culture Ninkasi. Inclusion, diversité, formation, prévention du sexisme ordinaire, accompagnement du handicap ou de la réinsertion : autant d’initiatives concrètes qui donnent du sens à la notion de “bienveillance” évoquée par Benjamin.
“On accueille des collaborateurs en situation de handicap, des réfugiés, des personnes en réinsertion. Ce n’est pas toujours simple, mais c’est une richesse. On apprend à travailler autrement, à adapter notre communication, à être attentifs.”
Cet engagement se mesure aussi par des outils internes comme le baromètre social, réalisé chaque année auprès de tous les collaborateurs, pour suivre le climat social et identifier les leviers d’amélioration.
“C’est anonyme, et ça nous aide à agir concrètement. La parole doit être libre, sinon la confiance s’effrite.”
“Agir avec loyauté” : une philosophie managériale
Avec deux décennies d’expérience, Benjamin Saulnier incarne un management lucide et profondément humain : exigeant mais respectueux, structuré mais adaptable.
Sa philosophie pourrait se résumer ainsi :
“La franchise, c’est oser dire les choses, mais avec le bon ton, la bonne intention et au bon moment. C’est une forme de loyauté envers soi-même et envers les autres.”
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